Un doux parfum. -partie 3-

- Il faut que tu t’en occupes, elle est dans un état critique.

- J’arrive, merci.

Hana prit ses affaires et se dépêcha de partir de chez elle. Elle arriva devant ton appartement et vit Chris en sortir. Il lui dit que tu étais écroulée sur le canapé et qu’il fallait te surveiller. Elle avait les larmes aux yeux et entra dans la pièce. En te voyant, elle ne put retenir ses larmes. Tu étais allongée sur le divan, le bras sur le sol, l’autre derrière la tête, les yeux mis clos et tu affichais ce sourire qui en disait long. Hana te prit et te tira vers la salle de bain, faisant couler l’eau de la douche, elle entra dedans avec toi. Te plaquant contre le mur, elle te garda ainsi pendant quelques minutes afin d’évacuer au mieux ton organisme. Quand tu commenças à reprendre peu à peu tes esprits, elle te déshabilla et t’emmena dans ta chambre. Te posant délicatement dans le lit, elle te rejoignit et se coucha à tes côtés. Tu te tournas pour lui faire face, ne disant rien, les yeux fermés. La prenant dans tes bras et te collant à elle, avant de tomber dans le sommeil tu susurras « Je ne peux plus », elle carressa tes cheveux tout en soufflant sur ton front pour que tu restes calme. Tu ne bougeas plus de la nuit. Hana, elle, ne ferma pas l’œil et veilla sur toi. Séchant ses larmes au fil des heures.

Tu te réveilles de bonne heure avec un mal de tête incommensurable. Te redressant tant bien que mal, tu aperçois bien vite que tu étais dénudée, mettant tes mains sur ton visage, tu poussas un soupir tout en essayant de te remémorer ta soirée. Impossible, et plus tu t'acharnes plus ton mal de tête empire. Tes jambes remontent vers ton buste et ta tête s'échoue dessus. Inspirant fortement, tu te motives pour te lever et prendre une douche, quand tu entends un bruit venant de derrière la porte. Ta première réaction est de te crisper et la seconde d'après tu commences à avoir peur. Qui cela peut-il être ? Plus tu tentes de deviner plus tu sombres dans la terreur. Mais bien vite, des pas se rapprochent de ta chambre et sans chercher tu t'enfonces dans les draps et fais mine de dormir. La porte s'ouvre lentement, tes yeux se ferment, ton souffle s'arrête, la personne entre et tu ne peux t'empêcher d'ouvrir un œil discrètement. Cependant la brume qu'il y a devant tes yeux t'empêche de bien apercevoir qui se trouve dans ta chambre.

- Enfin levée?

Tu souris, te redressant, tu regardes du mieux que tu peux Hana. Ne songeant pas encore à ta nudité, jusqu'à ce qu'elle te rende ton sourire en te montrant ton corps. Aussitôt tu remontes les draps sur toi et te mets assise sur le lit. Baillant à t'en décrocher la mâchoire, tu commences peu à peu à te souvenir et ton visage s'assombrit. Elle était là hier, elle t'a vu, elle a dormi ici. Il s'est passé quelque chose ? Non pas possible, pas dans ton état. Pas le temps de songer, qu'elle te tend une tasse de thé. Tu t'en saisis lentement et la porte à tes lèvres. Ce breuvage t'aidera, elle s'assied au pied du lit, te tournant le dos, elle pense, son air est grave, tu le sais, tu as merdé hier soir. Aucune de vous deux ne parle, vous ne voulez rompre ce silence. Il s'installe lentement et dure quelques minutes. Las de ceci, tu tends ta main jusqu'à la table de nuit sur ta droite et tire le tiroir pour attraper un paquet de cigarettes, en prenant une tu le tends à Hana qui en saisit une et vous allumez vos tiges toujours en silence. Elle se retourne pour te faire face, soufflant sa fumée, elle te dévisage.

- On doit parler il me semble.

Tu déglutis, voulant à tout prix éviter cette conversation, tes yeux recherchent un moyen de fuir. Ils regardent la porte d'entrée comme seule échappatoire. *Si je me lève et que je cours je pourrais peut-être..*

- N'y pense même pas. Dit-elle calmement.

Comment fait-elle ça ? Tu inspires et te résignes. «  Je t'écoute »

Elle pose sa tasse sur la table , se saisit de la tienne et la pose également, prenant tes mains, elle ouvre et referme la bouche plusieurs fois avant de se lancer.

- Tu me manques. J'en ai marre de tout ça, de tout ce qui se passe. De tes conneries, tu vas finir par partir toi aussi. Tu crois que c'est ce que je veux ? Que j'ai voulu tout ça ?

- Je ne veux pas en parler..

Elle est exaspérée, cela se voit, ses mains se resserrent sur les tiennes.

- Tu ne veux jamais ! Mais il faudra bien, je ne partirai pas tant que l'on n'aura pas parlé !

- Que veux-tu que je te dise ? Ce qui est fait est fait, il n'y a rien à ajouter.

- Au contraire. Pourquoi nous fuis-tu ? Me fuis-tu ? Je pensais que... Qu'on ...

- Je veux oublier, je dois oublier et je n'y arrive pas, je ne peux pas quand je vous vois, quand je te vois.

Tu savais pertinemment que ces mots allaient la blesser et c'est le cas, une larme perle le long de sa joue, elle lâche tes mains et se lève, avançant comme un automate vers la porte, elle pose une main sur le chambranle, sans se retourner elle te lance, froidement

- C'est ainsi que tu vois les choses ?

Tu ne réponds pas, elle part et tu t'affale dans ton lit en pleurs. Tu n'arrives plus, ne gères plus rien, repousser les autres pour ne pas montrer tes faiblesses, tu pratiques cet art à la perfection pourtant là, tu sais que tu viens de repousser le seul être au monde que tu voudrais garder et tu ne peux empêcher tes larmes de couler. Te rendormant quand tes sanglots cessent, tu espères que, plus tard, ça passera.

***

- Dépêche-toi, ils sont déjà là !

Une main se pose sur ton épaule, réconfortante, chaude et amicale. Ton sourire ne se fait pas attendre et te retournant tu dévisages la personne devant toi. Finissant de te préparer, tu enfiles un corset que ton ami, machinalement, te ferme.

- Tu es superbe Chaya. Te lance t-il avant de venir déposer un baiser sur ton épaule.

Tu rigoles, te retournant pour lui faire face, tes yeux pétillent et tout en attachant tes cheveux, tu lui lances désinvolte « Merci Tom, tu n'es pas mal non plus »

Vous éclatez de rire sans pouvoir vous contrôler. Vous êtes bien, cependant dans la pièce à cotés vous entendez les invités rouspéter pour que vous vous dépéchiez.

- Toujours à casser l'ambiance. Lance t-il d'un ton léger.

Tu ris de plus belle, avant de te saisir de sa main et de le tirer en dehors de ta chambre. Avant de passer la porte, il se stoppe, t'arrêtant par la même occasion. Tu te retournes, ne comprenant pas et quand tes yeux croisent les siens, tu comprends qu'il est pris de doutes. Tu passes tes bras autour de son cou et lui murmures à l'oreille.

- T'inquiète, elle sera là ce soir, tu pourras lui parler.

Il fait un oui de tête et avance avec toi, ne lâchant plus ta main. Tout en allant dans ton salon, tu repenses à votre première rencontre. C'était il y a six ans de ça, au détour d'une soirée, depuis ce soir là, vous êtes devenus inséparables, un couple si tu n'avais pas été attiré par les femmes. Il était devenu ton confident, ton frère, partageant tout, sur tout. Il avait su te comprendre et de fil en aiguille, la relation entre vous deux avait atteint des dimensions folles.

Ce soir cependant tu savais qu'il a peur, il voulait depuis quelques temps annoncer à Hana son attirance pour elle, mais, il n'osait pas, et toi, malgré tout l'amour que tu lui portais ton cœur se pinçait, n'osant lui avouer que vous vous étiez rapprochées, sans le vouloir. Elle t'avait demandé, pour elle, de stopper tes flirts d'un soir, pour voir si tu pouvais tenir et tu l'avais fait, ne sachant pas vraiment pourquoi, après tout, tu n'aurais jamais rien fait sachant que ton meilleur ami avait des vues sur cette femme. Mais c'était comme un jeu entre vous, toujours à vous taquiner.

Tout en saluant les invités, vous avancez ensemble vers Hana, qui se tenait au milieu de la pièce avec Ben et d'autres amis. Prenant un apéro, vous commencez à parler de tout et de rien des plans que vous ferez ce soir, quand Tom invite Hana un peu plus loin pour lui parler. Il lui déballe ses sentiments mais au vu de sa réaction, ceux-ci ne sont pas réciproques et bien qu'il garde son sang froid, il se dirige vers ta cuisine. Tu t'excuses auprès de tes invités et vas le rejoindre pour le réconforter.

Quand tu entres dans la pièce, tu vois son regard, il était froid, triste, perdu. Essayant de t'approcher de lui, il repoussa tes mains, ne comprenant pas, tu l'entendis, faiblement souffler

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit? Pourquoi jouer ainsi?

Ne comprenant pas au début, tu fais la moue et bien vite, ton regard s'assombrit. Il tourne en rond tel un lion en cage, prêt à exploser et dévorer la première victime qui passe. Pourtant tu n'as rien voulu, tu n'as rien cherché.

- Tom, je..

- C'est toi qu'elle veut !

Il part en claquant la porte d'entrée, tu essaies de lui courir après mais on t'arrête, Hana se tient devant toi, te dévisageant, les yeux rouges, retenant ses larmes. Elle s'excuse, te disant qu'elle ne savait pas, qu'elle n'avait pas voulu ça...

***