Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 19:33

 

Il n’y a pas grand monde dans la rue, marchant à vive allure tu tournes au coin de la rue. Feu vert, tu traverses et manques de te faire écraser, sourire aux lèvres quand le chauffard t’insulte, tu continues comme-ci de rien était. Un appel, tu décroches sans même regarder qui est-ce.

- On est au bar. Tu viens ?

- Je suis en route, cinq minutes.

Tu raccroches et continues ton chemin. Tu vois l’enseigne du bar non loin. Tes amis sont dehors en train de fumer à la terrasse, le temps grisâtre ne les empêche pas de rester dehors pour commander leurs boissons. Disant bonjour aux quatre présents, tu prends une chaise et t’installes à la table. La responsable de l’établissement vient pour te faire la bise et dépose une tasse de thé à côté de toi. Tu la remercies avec un sourire.

- Ptain hier, tu es partie trop tôt tu as tout loupé !

Rêvassant sur une jeune femme entrant dans le bar, tu tournes légèrement la tête « J’avais autre chose à faire ». Un éclat de rire se fait entendre, celui à ta droite se penche et dit doucement « Encore une conquête c’est ça ? » Le sourire que tu lui envoies veut tout dire, aucun autre mot ne sortira. D’un seul coup tu sens une main remonter sur ta cuisse, serrant le poing tu t’apprêtes à engueuler celui qui s’amuse à faire ça et tu observes de plus prêt. La personne tient quelque chose dedans. Il te murmure à l’oreille que ceci devrait te plaire. Tu t’en saisis discrètement et le ranges dans une des poches de ton pantalon. La matinée se passe sans encombre, il est bientôt midi et Ben se lève en même temps que toi. Il attrape ton bras et dit en riant « Tu viens avec moi toi, on doit aller au restaurant ensemble. »

Ton regard en dit long, le suppliant presque de te lâcher mais il ne le fera pas, tu es prise au piège. Acceptant ton sort à contre cœur tu te résous à le suivre. Montant dans la voiture, tu allumes une cigarette, les pieds sur le tableau de bord, tremblante. « Nerveuse ? », « Un peu, je ne les ai pas revu depuis un ptit moment » Pinçant la cigarette entre tes lèvres, tu essaies de décompresser. « Depuis ce jour en fait » Tu laisses le silence prendre place. Tu ne veux pas en parler et sais très bien ce qui va se passer lors du repas.

Il gare la voiture sur le parking, tu ne lâches pas l’entrée du regard, ne l’entendant même pas couper le contact et sortir du véhicule tu es comme plongée dans tes pensées. Il ouvre la portière pour te faire sortir, hésitante tu te décides à poser un pied en dehors de la voiture puis machinalement tu allumes une tige afin de te donner du courage. Avançant tous les deux vers le restaurant vous voyez au loin Hana et deux autres personnes. Ils vous attendent, se disant bonjour, tu restes discrète, en retrait.

Une fois les mondanités finies et les cigarettes éteintes, vous entrez. Vous avez la table du fond comme d’habitude. Il n’y a pas grand monde dans le restaurant juste six tables sont prises sur la vingtaine. Tu t’installes toujours en silence, à ta droite se met Hana, à ta gauche Ben se pose, en face il y a Claire et Pierre pour finir. Une chaise est vide, tout le monde la fixe avec le regard triste, tu n’oses la regarder et détournes les yeux. La serveuse vient pour prendre l’apéritif, tu commandes une vodka, les autres seront plus soft, pastis pour les hommes, martini pour les dames. Vous commencez l’apéritif dans le calme, puis soudain Hana pose son verre et te dévisage

Tu as l’air pâle Chaya.

- La nuit fut courte.

Ben rigola tout en te bousculant du bras et en faisant un petit clin d’œil complice. Hana détourna les yeux et murmura « Comme d’habitude ». Tu ne relevas pas la phrase et replongeas dans ton verre. Une fois l’apéro fini, vous commandez vos plats, tu prends juste un plat principal, l’appétit n’est pas au rendez-vous. Divers sujets de conversations sont lancés et pour la plupart tu n'y participes pas. Te sentant loin de tout ceci, tu restes figée dans ton monde, quand soudain un mot te sort de ta bulle. Son nom. Laissant ta fourchette tomber sur le sol, tu te relèves en trombe. Tremblant de plus en plus, tu cours vers les WC.

Une fois dedans tu t’enfermes dans une cabine, prenant ton visage entre tes mains, tu respires de plus en plus fort. Te calmant tant bien que mal, tu te souviens que tu as quelque chose dans ta poche. Cela pourra t’aider. Tu enfouies ta main dedans et en sors un petit sac. Dans ce dernier il y a une sorte de balle en argent avec quelques strilles en son bout. Un sourire fend ton visage. Avec ton index et ton pouce tu ouvres la capsule et doucement tu l’approches de ta narine. Inspirant le contenu, tu penches la tête en arrière, tout en fermant les yeux. Ça t’aidera à gérer la situation.

Sortant du WC tu vois Hana accourir vers toi, la regardant elle pose une main sur ton épaule et, inquiète, te demande si tout va bien. Pour toute réponse tu hoches la tête et retournes t’asseoir. Les autres aussi inquiets, ne posent pas de questions et reprennent leurs repas comme-ci rien ne s'était passé. Tu sens la magie des produits faire leurs effets. Tout commence à tourner autour de toi et les voix deviennent incompréhensibles. Lentement tu plonges dans ce monde qui te sort de ton quotidien, de ta douleur.

Te penchant sur le côté pour observer de plus près Ben qui parle, tu sens soudain une tension mais c’est trop tard tu es déjà loin. Hana crie et tu ne perçois rien. Elle a le don de se rendre compte quand tu prends quelque chose, ça te fait sourire. N’essayant même pas de comprendre, tu te lèves, poses un billet sur la table et te diriges vers la sortie. Tournant légèrement les talons, tu jettes un regard sur tes amis

- Ça ne sera plus comme avant, pourquoi vous ne le voyez pas ?

Et tu pars en titubant légèrement. Pas l’alcool juste ces produits qui altèrent ta perception. Essayant tant bien que mal de passer un coup de fil, tu arrives enfin à avoir quelqu’un au bout du fil, ce dernier dit qu’il va venir te chercher et qu’il t’emmènera à une fête pour que tu oublies un peu tout. Ne te faisant pas prier, tu lui demandes de se dépêcher. Ben sort du restaurant en trombe et tente de te retenir par le bras. Tu tires pour qu’il te lâche et continues ta route. Ton ami arrive et tu montes dans la voiture…

Arrivant à une fête, tu ne sais qui est là, prenant un verre, puis deux, tu veux juste ne pas penser, arrêter de voir ces choses. Continuant sur de la poudre blanche, ton état ne fait qu’empirer au rythme des heures. Tu ne tiens plus debout et ne calcules plus rien. Dans un état qu’on pourrait qualifier de comateux, tu essaies de sortir de la maison. Entrant dans chaque mur, trébuchant presque tu luttes pour retrouver ta route. Un homme que tu ne reconnais pas te propose de te ramener chez toi. Tu ne dis mot, de toute façon tu ne pourrais rien faire et ne comprendrais pas ce qui se passe.

***

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Nuage d'Umiera
  • : Quelques petites pensées, des mots, pour se rappeler...
  • Contact

Archives

Catégories